- ZAO WOU-KI
- ZAO WOU-KIZAO WOU-KI, chin. ZHAO WUJI [TCHAO WOU-KI] (1921- )Un Chinois, Zao Wou-Ki, né à Pékin, découvre seul l’art occidental et choisit de s’installer à Paris, où il apporte la tradition renouvelée d’un art plus que millénaire: cette aventure devait avoir lieu un jour ou l’autre, et déboucher (comme ce fut le cas) sur des illustrations pour des œuvres de René Char, d’André Malraux, de Henri Michaux; ce dernier, avec qui il se lie d’amitié, consacrera plusieurs ouvrages à ses gravures et à ses dessins: Lecture par H. Michaux de huit lithographies de Zao Wou-Ki , 1950; Jeux d’encre, Trajet de Zao Wou-Ki , 1993. Élève de l’École des beaux-arts de Hangzhou, où il sera professeur en 1941, Zao Wou-ki prend connaissance de Picasso en pleine guerre sino-japonaise, grâce à des reproductions publiées par des magazines américains. Quand, en 1940, il expose pour la première fois, ses toiles (il le racontera lui-même plus tard avec humour) sont peuplées d’arlequins et de femmes «pompéiennes», qu’il n’a, bien évidemment, jamais vues. Mais, lorsqu’en 1948 il se fixe à Paris, il connaît déjà Cézanne et surtout Klee, dont il subit fortement l’influence pour un temps. Son métier de graveur lui procure le secret d’un tracé fait de plusieurs lignes juxtaposées, qui dissimule sa précision sous un frémissement continuel. À des fonds très nuancés (Piazza , 1951) succèdent bientôt des œuvres où le passage vers l’abstraction est de plus en plus souvent marqué par des signes qui se réfèrent aux inscriptions oraculaires gravées sur les os divinatoires ou aux textes gravés sur des bronzes remontant à la dynastie des Shang. En même temps, le dessin se dépouille d’une certaine préciosité et s’amplifie pour affirmer davantage la présence de fantômes toujours légers mais chargés de sens. Dans Nuages (1956, coll. Marbath, Suisse), des vapeurs rouges entourent comme autant de pétales un astre également rouge, suggérant l’un des microcosmes chers depuis toujours aux artistes chinois. Parfois même, Zao Wou-Ki utilise des mises en pages dignes d’anciens manuscrits, où il pratique des effets de matière par grattages et surimpression (Stèle pour un ami , 1956). Prix Carnegie en 1955, ce globe-trotter infatigable a réussi la fusion, qui paraissait improbable, de deux arts très éloignés à tous égards. Après 1974, l’importance du signe s’efface devant celle de grandes plages presque vides dans le tableau (les Triptyques de 1980), qui semblent exprimer un monde en perpétuel devenir. Depuis les années 1980, la couleur prend le pas sur la forme, d’une manière encore plus affirmée qu’auparavant (Hommage à Monet , triptyque, 1991). Pierre Daix a préfacé le catalogue de l’exposition que la galerie Arturial, à Paris, a consacrée au peintre en 1992, présentant des œuvres qui s’échelonnent de 1976 à 1991.
Encyclopédie Universelle. 2012.